La vente d'un bien immobilier, qu'il s'agisse d'une maison, d'un appartement ou d'un terrain, est une opération financière majeure, souvent encadrée par un mandat de vente confié à une agence immobilière. Cependant, il arrive que la collaboration avec l'agence ne se déroule pas comme prévu, et la question de la résiliation du mandat de vente se pose. Connaître ses droits et les conditions légales de résiliation est alors essentiel pour éviter des complications, des litiges potentiels et des frais inutiles. De nombreux propriétaires se retrouvent piégés par des contrats mal compris, et environ 15% des mandats de vente sont rompus avant leur terme initial chaque année, générant parfois des tensions avec les agences immobilières. Le marché immobilier français voit passer chaque année près de 1 million de transactions, et un nombre non négligeable de ces ventes est concerné par des problèmes de mandat.
Ce document a pour objectif de vous éclairer sur les conditions juridiques de résiliation d'un mandat de vente, qu'il soit simple ou exclusif, et de vous fournir les outils pour prendre les bonnes décisions. Nous aborderons les motifs légitimes de rupture anticipée, la procédure de résiliation à suivre étape par étape, et les précautions à prendre pour protéger vos intérêts en tant que mandant (propriétaire) face au mandataire (agence immobilière). Comprendre les enjeux pour les deux parties est crucial pour une résiliation sereine et conforme à la législation en vigueur. Le cadre légal des mandats de vente est régi par la loi Hoguet du 2 janvier 1970 et son décret d'application, ainsi que par le Code civil, notamment les articles relatifs au contrat de mandat.
Typologie des mandats de vente et implications sur la résiliation
La nature spécifique du mandat de vente influence considérablement les modalités de résiliation. Il est donc primordial de bien distinguer les différents types de mandats existants. On distingue principalement deux grandes catégories : le mandat simple et le mandat exclusif. Chacun offre des avantages et des inconvénients, notamment en termes de liberté de choix, d'engagement envers l'agence et de conditions de résiliation. Il est impératif de bien comprendre les implications de chaque type de mandat avant de s'engager contractuellement avec une agence immobilière. Plus de 60% des propriétaires optent initialement pour un mandat exclusif, attirés par la promesse d'un engagement total de l'agence, souvent sans en mesurer pleinement les conséquences sur leur capacité à résilier le contrat si les services ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. Le choix du mandat impacte directement le processus de résiliation et les éventuelles indemnités à verser.
Le mandat simple : liberté et souplesse pour le vendeur
Le mandat simple offre une grande flexibilité au propriétaire qui souhaite vendre son bien. Il lui permet de confier la vente de son bien immobilier à plusieurs agences immobilières simultanément, voire de vendre lui-même sans l'intermédiaire d'une agence. Cette liberté a des implications directes et positives sur les conditions de résiliation. Avec un mandat simple, la résiliation est généralement plus aisée et moins coûteuse, offrant une plus grande marge de manœuvre au vendeur. Un propriétaire peut ainsi choisir l'agence qui lui semble la plus performante, celle qui met en œuvre les meilleures stratégies de commercialisation et qui est la plus à même de vendre son bien au meilleur prix, tout en conservant la possibilité de trouver un acquéreur par ses propres moyens.
Les conditions de résiliation d'un mandat simple sont généralement plus souples et moins contraignantes que celles d'un mandat exclusif. La plupart des mandats simples prévoient un délai de préavis, souvent d'un mois, après une période initiale d'engagement (généralement de 3 mois). Une fois ce délai de préavis respecté, la résiliation est effective et ne donne lieu à aucune indemnité à verser à l'agence immobilière. La clé réside dans la notification formelle de la résiliation. La notification doit impérativement être faite par écrit, idéalement par lettre recommandée avec accusé de réception, afin de conserver une preuve incontestable de la date d'envoi et de réception de la demande de résiliation. Environ 90% des mandats simples prévoient un délai de préavis d'un mois, permettant au vendeur de mettre fin au contrat sans pénalités après la période initiale d'engagement. Le délai de préavis légal est généralement de 15 jours.
- Grande liberté d'action pour le propriétaire.
- Possibilité de confier la vente à plusieurs agences immobilières en concurrence.
- Résiliation facilitée avec un simple préavis, souvent d'un mois.
- Absence d'indemnité de résiliation dans la plupart des cas, sauf stipulations contraires dans le contrat.
- Flexibilité dans la gestion de la vente du bien.
Le mandat exclusif : engagement renforcé, restrictions et résiliation encadrée
Le mandat exclusif, quant à lui, engage contractuellement le propriétaire à confier la vente de son bien immobilier à une seule et unique agence immobilière pendant une période déterminée, généralement de 3 mois. Pendant cette période d'exclusivité, il lui est strictement interdit de vendre lui-même ou de faire appel aux services d'une autre agence immobilière, même si cette dernière lui propose de meilleures conditions ou un acheteur potentiel plus intéressant. Cette exclusivité est censée motiver l'agence à s'investir pleinement dans la vente, en déployant des moyens importants en termes de publicité, de visites et de suivi des prospects. Cependant, elle implique également des restrictions importantes en matière de résiliation. Rompre un mandat exclusif avant son terme peut entraîner le paiement d'indemnités conséquentes à l'agence, représentant souvent une part importante des honoraires initialement prévus. Près de 40% des propriétaires regrettent leur choix d'un mandat exclusif après quelques semaines, face à un manque de résultats ou à un suivi insatisfaisant de la part de l'agence immobilière. Les clauses d'exclusivité sont encadrées par la loi, et leur validité peut être contestée en cas d'abus.
Les conditions de résiliation d'un mandat exclusif sont donc beaucoup plus strictes et contraignantes que celles d'un mandat simple. En principe, il n'est pas possible de résilier unilatéralement le mandat pendant sa durée initiale, sauf en cas de faute grave de l'agence immobilière (manquement à ses obligations) ou de clause abusive présente dans le contrat. Si le propriétaire viole l'exclusivité en vendant lui-même ou par l'intermédiaire d'une autre agence, il devra verser à l'agence titulaire du mandat une indemnité, souvent égale au montant des honoraires initialement prévus, ce qui peut représenter une somme importante. Toutefois, il existe des exceptions, notamment le délai de rétractation de 14 jours (si le mandat a été conclu hors établissement, suite à un démarchage par exemple) et la possibilité de faire valoir des clauses abusives devant un tribunal. L'indemnité de rupture d'un mandat exclusif représente en moyenne entre 60% et 80% des honoraires prévus, ce qui dissuade de nombreux propriétaires de résilier le contrat, même en cas d'insatisfaction. Le taux de réussite des ventes avec un mandat exclusif est de 70% contre 45% pour un mandat simple.
- Engagement exclusif et contraignant envers une seule agence immobilière.
- Interdiction formelle de vendre par soi-même ou par une autre agence pendant la durée du mandat.
- Résiliation beaucoup plus complexe et potentiellement coûteuse, avec des indemnités à la clé.
- Nécessité de prouver une faute grave de l'agence ou la présence d'une clause abusive pour espérer résilier sans indemnité.
- Durée moyenne d'un mandat exclusif : 3 mois, renouvelable une fois.
Les motifs légaux de résiliation anticipée d'un mandat de vente : protéger les droits du vendeur
Même en présence d'un mandat exclusif, qui impose un engagement fort au propriétaire, la loi prévoit des motifs légitimes permettant une résiliation anticipée du contrat, afin de protéger les droits du consommateur (le propriétaire) contre les éventuels abus et les manquements de l'agence immobilière. Il est donc crucial de connaître ces motifs légaux et de savoir comment les invoquer efficacement pour faire valoir ses droits et obtenir la résiliation du mandat sans pénalités. En France, environ 10% des litiges liés aux mandats de vente immobiliers portent sur la question de la résiliation anticipée, soulignant l'importance de bien maîtriser ce sujet. La loi Chatel encadre également les contrats à tacite reconduction, ce qui peut avoir un impact sur la résiliation des mandats.
Le délai de rétractation : 14 jours pour revenir sur sa décision (loi hamon)
La loi Hamon, qui vise à renforcer la protection des consommateurs, offre une protection particulière aux propriétaires ayant conclu un contrat de mandat de vente hors établissement commercial, c'est-à-dire en dehors des locaux habituels de l'agence immobilière (par exemple, à domicile, lors d'un salon immobilier ou dans un café). Dans ce cas précis, le propriétaire dispose d'un délai de rétractation de 14 jours calendaires à compter de la date de signature du mandat. Ce délai lui permet de revenir sur son engagement initial sans avoir à justifier sa décision auprès de l'agence immobilière, ni à payer la moindre pénalité ou indemnité de rupture. Cette disposition est particulièrement importante pour les personnes démarchées à domicile par des agents immobiliers, souvent sous pression pour signer rapidement. Seul 1% des propriétaires exercent leur droit de rétractation, souvent par manque d'information ou par crainte de représailles de l'agence immobilière, alors qu'il s'agit d'un droit fondamental.
Pour exercer valablement son droit de rétractation, le propriétaire doit notifier sa décision à l'agence immobilière par lettre recommandée avec accusé de réception, en respectant scrupuleusement le délai de 14 jours. Il peut utiliser le formulaire type de rétractation fourni obligatoirement avec le contrat de mandat, ou rédiger une lettre exprimant clairement et sans équivoque sa volonté de se rétracter du mandat de vente. La rétractation entraîne l'annulation pure et simple du mandat, et oblige l'agence immobilière à rembourser intégralement toute somme versée par le propriétaire au titre du mandat (par exemple, des frais d'estimation, des frais de dossier ou des honoraires initiaux). Il est crucial de respecter scrupuleusement les délais et les formalités imposées par la loi pour que la rétractation soit effective et incontestable. Le taux de succès des rétractations est de 95% lorsque la procédure légale est respectée à la lettre, soulignant l'importance de bien suivre les étapes indiquées.
- Délai légal de 14 jours calendaires pour se rétracter d'un mandat de vente signé hors établissement commercial.
- Notification obligatoire de la rétractation à l'agence par lettre recommandée avec accusé de réception.
- Remboursement intégral des sommes versées par le propriétaire au titre du mandat.
- Applicabilité limitée aux mandats conclus hors établissement, suite à un démarchage par exemple.
- Information claire et précise du propriétaire sur son droit de rétractation.
La faute grave du mandataire : quand l'agence ne respecte pas ses engagements
Si l'agence immobilière manque gravement à ses obligations contractuelles, le propriétaire est en droit de demander la résiliation du mandat de vente pour faute grave de l'agence. La définition précise de la faute grave est toutefois subjective et dépend des circonstances spécifiques de chaque cas. Il est donc essentiel de pouvoir prouver de manière tangible les manquements reprochés à l'agence immobilière. Environ 20% des demandes de résiliation de mandat de vente sont motivées par une faute grave de l'agence, soulignant l'importance de ce motif de résiliation. La jurisprudence en matière de faute grave est abondante, et il est conseillé de se faire assister par un avocat spécialisé pour évaluer la pertinence de ce motif.
Des exemples concrets de fautes graves susceptibles de justifier la résiliation du mandat incluent l'absence totale de visites du bien immobilier pendant une période prolongée (plusieurs semaines ou mois), un manque de communication régulier et transparent avec le propriétaire (absence de compte-rendu des actions menées, difficultés à joindre l'agent immobilier), le non-respect des prix de vente convenus initialement (proposition de prix de vente manifestement sous-évalués sans justification valable), ou encore la diffusion d'annonces inexactes, incomplètes ou mensongères sur les supports de communication (description erronée du bien, photos retouchées de manière trompeuse). Avant de demander la résiliation pour faute grave, il est impérativement recommandé d'adresser une mise en demeure à l'agence immobilière, par lettre recommandée avec accusé de réception, lui demandant de remédier à ses manquements dans un délai raisonnable (généralement 8 jours). Si l'agence ne réagit pas favorablement et ne prend pas les mesures correctives nécessaires, le propriétaire peut alors engager une procédure formelle de résiliation du mandat, en se faisant éventuellement assister par un avocat spécialisé en droit immobilier. Il est crucial de rassembler un maximum de preuves tangibles des manquements de l'agence (échanges de courriers électroniques, copies d'annonces litigieuses, témoignages écrits de visiteurs ayant constaté des anomalies, etc.). Le délai moyen pour prouver une faute grave et obtenir la résiliation du mandat est de 2 à 3 mois.
- Manquements graves et répétés aux obligations contractuelles de l'agence immobilière.
- Exemples concrets : absence de visites, communication inexistante ou lacunaire, non-respect des prix de vente, diffusion d'annonces erronées.
- Nécessité absolue de prouver la faute grave par des éléments tangibles.
- Procédure obligatoire de mise en demeure préalable de l'agence, lui accordant un délai pour se conformer à ses obligations.
- Assistance d'un avocat spécialisé recommandée.
Le médiateur de la consommation peut être une alternative à la justice, permettant de trouver une solution amiable. Son intervention est gratuite et confidentielle.
La clause abusive : dénouer un contrat déséquilibré
Un mandat de vente immobilier, comme tout contrat, peut potentiellement contenir des clauses abusives, c'est-à-dire des stipulations qui créent un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties, au détriment du consommateur (le propriétaire). Ces clauses sont réputées non écrites par la loi, ce qui signifie qu'elles sont considérées comme nulles et non avenues, et peuvent être invalidées par un juge si elles sont contestées. L'identification d'une clause abusive dans un mandat de vente peut ainsi permettre au propriétaire de résilier le contrat sans avoir à payer de pénalités ou d'indemnités à l'agence immobilière. Selon une étude récente de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), près de 5% des mandats de vente immobiliers contiennent au moins une clause abusive, soulignant la nécessité d'une lecture attentive des contrats. La DGCCRF a pour mission de contrôler le contenu des contrats et de sanctionner les clauses abusives.
Des exemples typiques de clauses abusives fréquemment rencontrées dans les mandats de vente immobiliers incluent une durée excessive du mandat (supérieure à 6 mois, rendant difficile la résiliation), des indemnités de résiliation disproportionnées par rapport au préjudice réellement subi par l'agence, ou encore des clauses qui empêchent abusivement le propriétaire de vendre lui-même son bien après l'expiration du mandat, ou qui l'obligent à verser des honoraires à l'agence même s'il trouve un acquéreur par ses propres moyens. Si le propriétaire estime qu'une clause de son mandat de vente est abusive, il peut saisir le tribunal compétent (tribunal d'instance ou tribunal de grande instance selon le montant en litige) pour en demander l'annulation et obtenir la résiliation du mandat. Il est également fortement recommandé de se faire aider par une association de consommateurs agréée, qui pourra analyser le contrat de mandat et identifier d'éventuelles clauses problématiques, et vous conseiller sur les démarches à suivre. La durée moyenne d'une procédure judiciaire pour faire annuler une clause abusive est de 6 à 12 mois.
- Présence éventuelle de clauses créant un déséquilibre significatif entre les droits et obligations du propriétaire et de l'agence.
- Exemples fréquents : durée excessive du mandat, indemnités de résiliation disproportionnées, restrictions abusives à la vente par le propriétaire.
- Possibilité de faire annuler la clause abusive par un juge, rendant la résiliation du mandat possible sans pénalités.
- Recours à une association de consommateurs agréée pour analyser le contrat et identifier les clauses problématiques.
- Vérification de la conformité du mandat avec les recommandations de la Commission des clauses abusives.
La force majeure : une cause extérieure et insurmontable de résiliation
La force majeure est un événement imprévisible, irrésistible et extérieur à la volonté des parties qui rend objectivement impossible l'exécution du contrat de mandat de vente immobilier. Dans ce cas de figure exceptionnel, le mandat de vente peut être suspendu temporairement ou définitivement résilié, sans que l'une ou l'autre des parties ne puisse être tenue responsable des conséquences de cette inexécution. Les cas de force majeure sont toutefois rares et doivent être dûment justifiés par des preuves irréfutables. Seulement 0.1% des résiliations de mandats de vente immobiliers sont liées à un cas de force majeure, ce qui témoigne du caractère exceptionnel de ce motif de résiliation. La jurisprudence en matière de force majeure est restrictive, et les tribunaux exigent la preuve d'une impossibilité absolue d'exécution du contrat.
Le dépôt de bilan de l'agence mandataire peut constituer un cas de force majeure. Il peut être difficile de faire valoir ce droit, mais la résiliation est possible.
Des exemples de situations pouvant potentiellement relever de la force majeure, bien que chaque cas doive être apprécié au cas par cas, peuvent inclure une catastrophe naturelle d'une ampleur exceptionnelle qui rend le bien immobilier totalement invendable (inondation majeure, tremblement de terre ayant détruit le bien), le décès soudain du propriétaire (rendant impossible la poursuite de la vente), ou une maladie grave et invalidante du propriétaire qui l'empêche durablement de donner suite à la vente (maladie d'Alzheimer par exemple). Dans de telles situations dramatiques, il est impératif d'informer rapidement l'agence immobilière par lettre recommandée avec accusé de réception, et de lui fournir tous les justificatifs nécessaires (certificat de décès, certificat médical, attestation de catastrophe naturelle). La force majeure doit être un événement réellement insurmontable et totalement indépendant de la volonté des parties, et doit rendre l'exécution du contrat absolument impossible. Le délai de reconnaissance de la force majeure par un tribunal peut varier de 1 à 6 mois, en fonction de la complexité du dossier.
- Événement imprévisible, irrésistible et extérieur à la volonté des parties, rendant impossible l'exécution du contrat.
- Exemples potentiels : catastrophe naturelle majeure, décès du propriétaire, maladie grave invalidante.
- Suspension temporaire ou résiliation définitive du mandat, sans indemnité pour l'une ou l'autre des parties.
- Justification nécessaire avec des preuves irréfutables (certificats, attestations).
- Appréciation au cas par cas par les tribunaux.
Procédure de résiliation et précautions à prendre : un guide pas à pas
La procédure de résiliation d'un mandat de vente immobilier doit être suivie avec une rigueur exemplaire afin d'éviter toute contestation ultérieure de la part de l'agence immobilière. Il est impératif de respecter scrupuleusement les formalités légales, de respecter les délais et de conserver précieusement toutes les preuves des démarches entreprises. L'assistance d'un avocat spécialisé en droit immobilier peut s'avérer précieuse dans cette étape délicate, notamment pour évaluer les chances de succès de la résiliation et pour rédiger les courriers et les actes juridiques nécessaires. Le coût moyen d'un avocat pour une procédure de résiliation de mandat se situe entre 1500 et 3000 euros, en fonction de la complexité du dossier.
La mise en demeure : une étape cruciale avant toute résiliation contentieuse
Avant d'engager une procédure formelle de résiliation pour faute grave de l'agence immobilière, il est fortement recommandé, voire indispensable, d'adresser une mise en demeure à l'agence. La mise en demeure est une lettre formelle, envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception, qui expose de manière claire et précise les manquements reprochés à l'agence immobilière et lui demande instamment de les corriger dans un délai raisonnable, généralement de 8 à 15 jours. Elle constitue une preuve tangible que le propriétaire a tenté de résoudre le problème à l'amiable, avant d'engager une action plus radicale devant les tribunaux. Environ 70% des litiges relatifs aux mandats de vente immobiliers se résolvent favorablement après l'envoi d'une mise en demeure, ce qui souligne l'importance de cette étape préalable.
La mise en demeure doit impérativement être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception, afin de conserver une preuve irréfutable de l'envoi et de la réception par l'agence immobilière. Elle doit indiquer de manière claire et détaillée les manquements reprochés à l'agence (absence de visites, manque de communication, non-respect des prix, etc.), le délai précis accordé à l'agence pour y remédier (en précisant une date limite), et la menace de résiliation du mandat en cas d'inaction de sa part. Ce document peut servir de base à une action en justice ultérieure si l'agence ne se conforme pas aux exigences du propriétaire. Il est vivement conseillé de se faire assister par un avocat spécialisé en droit immobilier pour rédiger une mise en demeure efficace et juridiquement solide. Le délai accordé à l'agence dans une mise en demeure est généralement de 15 jours, ce qui lui laisse le temps de réagir et de prendre les mesures correctives nécessaires.
- Mentionner le numéro du mandat concerné dans la mise en demeure.
- Présenter de manière factuelle les manquements constatés.
- Fixer un délai précis et raisonnable pour la correction des manquements.
- Indiquer clairement les conséquences en cas d'absence de réaction de l'agence.
La notification de la résiliation : forme et contenu d'un courrier capital
Une fois que le délai imparti dans la mise en demeure est expiré et que l'agence immobilière n'a pas remédié de manière satisfaisante aux manquements qui lui étaient reprochés, le propriétaire est en droit de notifier officiellement la résiliation du mandat de vente. Cette notification doit également être effectuée par écrit, par lettre recommandée avec accusé de réception, afin de conserver une preuve incontestable de la date d'envoi et de réception par l'agence. La forme et le contenu de la notification de résiliation sont d'une importance capitale pour garantir sa validité juridique et éviter toute contestation ultérieure de la part de l'agence. Une notification mal rédigée, incomplète ou ambiguë peut être facilement contestée par l'agence, et remettre en cause la validité de la résiliation.
La notification de résiliation doit obligatoirement indiquer de manière claire et précise les motifs de la résiliation (faute grave de l'agence, clause abusive, etc.), faire référence de manière explicite au mandat de vente concerné (en précisant son numéro et sa date de signature), et préciser de manière non équivoque la date de prise d'effet de la résiliation (c'est-à-dire la date à partir de laquelle le mandat est considéré comme définitivement rompu). Il est également vivement conseillé de joindre à la notification de résiliation une copie de la mise en demeure préalablement envoyée à l'agence, ainsi que tous les justificatifs pertinents des manquements reprochés à l'agence (copies d'échanges de courriers, copies d'annonces litigieuses, témoignages écrits, etc.). Le propriétaire doit conserver précieusement une copie de la notification de résiliation et de l'accusé de réception signé par l'agence immobilière, qui pourront servir de preuves en cas de litige ultérieur devant les tribunaux. Environ 98% des notifications de résiliation envoyées par lettre recommandée avec accusé de réception sont jugées valables par les tribunaux, ce qui souligne l'importance de respecter cette formalité.
- Conserver une copie de la notification de résiliation et de l'accusé de réception.
- Mentionner l'article du code civil ou la clause du contrat justifiant la résiliation.
- Indiquer la date à partir de laquelle le mandat est considéré comme résilié.
- Demander à l'agence de restituer les documents et clés du bien.
Les conséquences de la résiliation : obligations et restitutions de chacune des parties
La résiliation du mandat de vente immobilier entraîne des conséquences juridiques et financières importantes pour les deux parties : le propriétaire (mandant) et l'agence immobilière (mandataire). L'agence est tenue de restituer immédiatement au propriétaire tous les documents originaux qu'il lui avait confiés dans le cadre du mandat (par exemple, les titres de propriété, les diagnostics immobiliers obligatoires, les plans du bien, etc.). Le propriétaire, quant à lui, peut être tenu de payer des honoraires à l'agence immobilière si la vente du bien a été effectivement conclue grâce à son intervention, même si la signature de l'acte authentique de vente intervient après la résiliation du mandat (par exemple, si un acheteur a été présenté par l'agence avant la résiliation et achète le bien dans les mois qui suivent). Les obligations de chaque partie doivent être clairement définies dans le contrat de mandat, afin d'éviter tout litige ultérieur sur les sommes dues ou les restitutions à effectuer.
Le calcul précis des honoraires potentiellement dus à l'agence immobilière après la résiliation du mandat dépend des clauses spécifiques prévues dans le contrat. En général, l'agence a droit à une commission si elle a présenté un acheteur solvable qui a effectivement acquis le bien immobilier dans un délai déterminé après la date de résiliation du mandat (ce délai est généralement de 3 à 6 mois). Toutefois, si la résiliation du mandat est due à une faute grave de l'agence, le propriétaire n'est pas tenu de lui verser la moindre commission ou honoraires, même si la vente est conclue avec un acheteur présenté par l'agence. Il est donc impératif de bien analyser les clauses du contrat de mandat relatives aux honoraires et aux conditions de leur paiement, et de se faire conseiller par un avocat spécialisé en cas de doute ou de litige avec l'agence. Le taux de litiges concernant le paiement des honoraires à l'agence après la résiliation du mandat est relativement élevé, de l'ordre de 15 à 20%, ce qui souligne l'importance de la prudence et de la transparence dans ce domaine.
- L'agence immobilière doit restituer tous les documents originaux au propriétaire.
- Le propriétaire peut être tenu de payer des honoraires si la vente est conclue grâce à l'intervention de l'agence.
- Analyser attentivement les clauses du contrat relatives aux honoraires.
- Se faire conseiller par un avocat en cas de doute ou de litige.